Vu de ma fenêtre : lire de ma fenêtre, les vues simples

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Les "vues simples" sont les descriptions simples de ce que l’on voit de sa fenêtre.

Des textes recueillis au cours de l'atelier d'écriture "Vu de ma fenêtre" proposée par Joëlle Ecormier et Les Médiathèques du Nord de La Réunion.

Du 25 avril au 10 mai 2020

Vu de la fenêtre d'Odile

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Vu de ma fenêtre, au premier plan, le gros manguier d'où s'envolent toutes sortes d'oiseaux :

tourterelles, moineaux, martins, merles de Maurice

et qui remplissent le silence environnant de leurs chants.

Au deuxième plan, les différents quartiers de la ville avec leurs multitudes de toits qui brillent au soleil,

et qui semblent plongés dans un calme violent.

À gauche, la rivière des Galets qui serpente paresseusement à travers ses fameux galets,

comme si elle aussi prenait tout son temps.

Un peu plus loin, la grande étendue vert émeraude de l'étang Saint-Paul

qui s'étend tellement qu'elle a l'air d'atteindre le viaduc de la  route des Tamarins.

Ce sont les poissons qui doivent être contents !

Et bien sûr au delà, l'océan Indien qu'on voit danser au loin avec ses reflets d'argent...
Quand je contemple cette  vue de ma fenêtre, j'aimerais être cet oiseau qui s'envole tranquillement.
J'aimerais aussi être un tapis volant pour aller voir mes enfants de l'autre côté de l'océan...
Et qui eux aussi sont à leurs fenêtres...
Sûrement...

Vu de la fenêtre d'Axelle

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Vu de ma fenêtre je vois les rayons de soleil se refléter sur la moustiquaire.

Des tâches organiques sur la toile de plastique.

Vu de ma fenêtre, derrière ce voile quadrillé, pépient des oiseaux posés sur la haute rambarde. 

Des lézards de carnaval se cachent entre les lattes. Leur livrée vert fluo les rend si repérables.

Tout en haut de ce brise-vue de bois solide, deux rectangles de ciel bleu sans nuage. Je les regarde à présent : délimités, immenses.

 

Je décide d'aller sur mon balcon pour arroser mes quelques plantes.

J'ouvre la moustiquaire, qui siffle en s'enroulant et claque avec un bruit sec.

La plante de mes pieds est chatouillée par les fins cheveux vert, imitation de gazon.

Je regarde mon bambou, plusieurs fois sauvé de la sécheresse.

Protégé mais dépendant.

 

Le toit de ma maison à présent s'ouvre à mon regard.

Je pourrais y grimper facilement. Il n'y a qu'un mètre, un mètre vingt ? à surmonter.

Les chats des voisins s'y baladent sans vergogne.

 

La tôle, les arbres, les maisons, les immeubles, les grues, la ville.

Mes yeux, comme toujours, sont hypnotisés par les feuilles lointaines des immenses palmiers royaux. 

Elles étincellent : de petits éclats de soleils qui pétillent au gré de leur mouvement, je suis bercée par leur balancement doux.

Je tangue.

 

Le bambou me rappelle à ma tâche, on dirait qu'il a encore jauni depuis tout à l'heure.

L'arrosoir, le robinet, l'eau fraîche, les fourmis.

Le bambou semble frétiller d'aise.

Je lui souris.

J'ai bien réussi ma journée aujourd'hui.

Vu de la fenêtre de T.Small

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De ma fenêtre qui donne sur la rue je vois Nico passer.

Ça fait des semaines qu'il ne se rase plus.

Il ressemble à un cow-boy ou à Jésus.

Vu de la fenêtre d'Olivia Delay #1

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Vu de la fenêtre – de la cuisine

la boîte à lettres vert foncé tout près du portail vert cru
et sur la marche d’escalier la poubelle vert de gris,
Remarqué
les miettes dorées sur la table du jardin
et une mouche irisée butiner le beurre pâle,
Regardé
le parasol aux tranches acidulées sur la terrasse du voisin,
Entraperçu
l’éclat fugace d’une voiture qui passe,
Lorgné
le petit oiseau rouge en équilibre sur la pointe d’une brindille,
Examiné
les fourmis noires en expédition sur le naco opalescent,
Observé
le gecko fluo aux aguets le long du mur,
Admiré
le paille-en-queue rutilant dans l’azur léger,
Contemplé à perte de vue
le bleu infini du ciel
et le blanc moutonnement
des nuages toujours en mouvement,
Vu, immobile à la fenêtre – de la cuisine
Le manège enchanté
D’un petit bout de vie sur terre.

Vu de la fenêtre de LL  (St Denis)

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Du cadre de ma fenêtre, s’ébauche le bardzour.

Véli aux mille zéklis s’éclipse.

Les songes en ramures majestueuses s’effeuillent.

La rosée en perles épanche son kontantman

Et monsieur Poivre pérore avec la gent z’ailée du Jardin.

Ses mille et une traversées aux foisonnantes saveurs

Donnent des idées aux ailes.

Hors du cadre de leur fenêtre, les spécimens naturalisés fil dann vavang.

Les lémuriens voguent en rêve vers leur chatoyante forêt.

Le dodo nostalgique revoit sa luxuriante contrée.

Les papillons virevoltent en gracieux ballets.

 Un vent frêle effleure la cime des arbres.

Le ravenale rêve de rivages inconnus. 

Et moi, sur le fil de mes voyages immobiles

Je laisse la rumeur naissante de ce jour nouveau

Emplir le cadre de ma fenêtre.

Vu de la fenêtre de Coline Gagneret

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L’aurore sur feuille banane, merci Soleil pour cette trame !

De ma fenêtre, qu’est-ce que je fais naître ?

Prunes malgaches s’agitent et découpent le ciel, je m’assoie et médite sur l’arc-en-ciel

Je laisse tomber la peau d’hier, comme l’eucalyptus son écorce à Terre

Je mue et garde le tronc de la leçon

L’endormi et la babouk me rappellent, le poème qui rêve le bois de chandelle

Aime, aime, aime

Bissap, lalo et zantak en fleurs, le chaos pète en bonheur

Chakwat Zoizo vert zoizo blanc, le temps me caresse de vos chants

La fontaine coule à Beaubassin, Myriam tète mon sein

Et les roses parfument mon âme en chemin

Azalées, jasmin, camélias, Alpinia, œillets d’Inde, chapeaux chinois

Nout tipi paradi en lèr, Saint-François lé la la la lère

Mon amoureux jardine le sommet de la colline

La ravine Laverdure se pare de jamrosats et de roches aux mille visages

La même allure sauvage m’habille quand j’écris par la fenêtre

Le corps d’un voyage lacté

Les mains du volant sont sereines

Ti pa ti partaz pour sème ce temps dresse jaillit en grain de l’abîme

Comme ces ti mignonnes à plein régime

Vu de la fenêtre de Magali

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Vu de ma fenêtre,
je vois un grand calme en moi,
je goûte à la paix,
je trinque au temps de penser.

J'ai vu pousser le vert vif du printemps,
j'ai pu observer le déploiement gracieux de la fougère,
j'ai senti le parfum du premier muguet,
je me saoule au chèvrefeuille après l'averse.

Vu de ma fenêtre,
un grand chemin me mène à moi,
teinté de bois, couleur chaude de caramel,
m'interroge sur ce que je suis,
l'esprit vif, émerveillé, qui caracole.

J'ai vu le vent se lover dans les bambous,
la brise danser avec le palmier là-haut,
la guirlande d'ampoules valser an attendant les amis,
le ciel est bas et laiteux.

Vu de ma fenêtre,
le souffle s'anime, se transforme en rafale,
le carillon se met à sonner,
aujourd'hui, le temps est agité, préoccupé,
et moi, je navigue joyeusement dans ma contemplation.

Vu de ma fenêtre.

Vu de la fenêtre de Petite rose

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Vu de ma fenêtre, les montagnes qui s'élèvent au loin.
Le soleil qui éclaire la nature.
Vu de ma fenêtre,  la blancheur des nuages qui se cachent derrière une petite fumée. 
Vu de ma fenêtre, les oiseaux qui s'envolent et qui chantent.
La verdure des arbres et des maisons au loin.
La vent qui souffle et qui fait bouger la nature.
De ma fenêtre du balcon, c'est mon paysage du matin.
Vu de ma fenêtre, je contemple la Vie qui s'éveille.
De ma fenêtre, à mon réveil je contemple ces merveilles.
De ma fenêtre, je regarde, je respire et je m'émerveille face à cette immensité.
De ma fenêtre, je m'aperçois dans la vitre et je me vois sourire car je suis en bonne santé et je peux vivre. 
De ma fenêtre, je respire la vie et je dis Merci à la nature qui m'enchante de sa grandeur et splendeur. 

De ma fenêtre, quelle honneur, je contemple ces petits bonheurs. 

Vu de la fenêtre de Sara

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LE CONFINEMENT
 

Confiné 

À cause d’un virus

Confiné

Nous ne prenons plus le bus
 

 

Dehors

Il n’y a personne

Dehors

Toutes les voitures stationnent
 

 

Dedans

Les gens s’ennuient

Dedans

Il ne fait jamais nuit
 

 

À l’hôpital

Les infirmières font tout leur possible

À l’hôpital

Leurs efforts sont incompressibles  

Vu de la fenêtre de Hugues, 11 ans (Epinal-Vosges)

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Je vois une forêt avec de beaux arbres, un grand jardin, les maisons voisines, personne ne passe dans la rue … tout est vide. 

D’une autre fenêtre, je vois de grands immeubles, peu de gens se promènent et un quart du nombre des voitures habituelles. 

Il y a aussi une pharmacie, un pont, une boulangerie et même un chat qui se promène, des cages de foot, un toboggan…

Au loin, je vois une colline avec une grande antenne, des oiseaux chantent dans les arbres. 

Je regarde bien et je vois de très belles fleurs rouges et jaunes. 

Sur les balcons du bâtiment voisin, il y a une vigne qui commence à pousser.

Mon chat joue dans le jardin. 

Pas très loin de là, je vois une belle maison avec la façade en bois, une cabane et des grands murs.
Des douzaines de cheminées qui sortent des toits, tout type d’arbres : saule pleureur, sapin et noisetier.
Des voitures garées sur le parking voisin. 

Dans mon jardin, je vois des fraises et des radis. 

Il est 10:00, il commence à y avoir plus de circulation. Tout près d’un restaurant je vois un rond-point, un arrêt de bus qui ne fonctionne plus vraiment, un grand nombre de voitures garées qui restent figées ici depuis longtemps, des poubelles, des boîtes aux lettres et des luminaires. 

Une rivière passe sous le pont. 

Au loin, je vois un lycée où j’irai sûrement quand je serai plus grand. 

Il y a aussi une grande haie, des arbres d’une couleur violette très intrigante parmi toute la magnifique végétation. 

Voilà, enfin je vois un homme qui sort de l’immeuble voisin. 

 

Vu de la fenêtre de Nadia Hoareau

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Vu de ma fenêtre, un champ, un rempart, du bois,
Des feuilles des grandes des petites des moyennes,
Vu de ma fenêtre, des animaux contents en chasse qui vont qui viennent
La nature sans toit.
Pas de véhicule, pas d’activité humaine, ma foi.

Vu de ma fenêtre, un ciel bleu sans rayure,
Les oiseaux de chair ont pris la place des oiseaux de fer,
Vu de ma fenêtre, des insectes qui s’affairent
De l’air. Dieu qu'elle est pure !
Pas de pollution, pas d’activité humaine, ma foi.

Et de ma fenêtre, je vois un futur sans rature.
L’opportunité de recommencer mais bien mieux que la dernière fois.
Vu de ma fenêtre, la nature a repris ses droits.
Pas de pollution, pas d’activité humaine malsaine, cette fois.
 

Par lo fénét Dominique Carrère

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Kan mi asiz dovan la fénét an promié mi gard an gran. Mi gard a li konmsi té in pintir, sinonsa

in foto.
Daborinn lé vér. Pié mang, combava, banane, papay, bel féy sonz, palmié miltiplian tousala.
Par dériér, i tonm lot koté la riviér, lé touzour vér. Tout kalité piéd’boi mayé, ek bambou an
poundiak.

Aprésa, mwin la fine romark in nafér, si mi férm mon zié, mi réspir dousman, épisa, mi ékout,
mi ékout pou vréman. Sak i ariv an promié sé le loto i pass dannfonlaba. Tazantan in kok i kri
in kou, mém la pa son lér.
Apré, zoizo. La mi romark sat mi koné, mwano, zwazo bélié, mérlmoris, martin, tourtrél, pliss
dot ankor mi niabou pa mét in non d’si.
Zis dovan la mém nana in momon volay ek son sink pti, i tourn i vir dann zérb. Sé volay mon
voizin i vyin la kaz an zourné, lé gayar. Sa i antann byin osi.
Apré, mi pran lo tan éséy trap dot kalité lo son plizanpli lwin, plizanpli fin osi.
La, mi trap la mizik lo féy mang. Ek la briz, i fé konm inn ti kayanm lwin mém.
Par koté, lo bann féy miltiplian i frot inneklot dousman dousman, parey kan dolo lamér i gliss
si la sab.
Par dériér ankor, bann ti sipék. Li arét pa zamé, li fé pa tro dézord, fé ke, ou antann pi li, ou
mazine pi li. Pourtan li lé la mém.

Epi, nana lodér osi. Lodér la tér, lodér combava, lodér kaloupilé mon voizin, lodér la briz, pou
in pé, talér i gingn trap lodér soléy. lodér lo siél.

Alor mi rouvér lo zié.
La, sak lé dovan mwin, kém sé le mém zafér navé talérla, i prézant innot manièr.
La, mi gard lo mouvman bann féy.
La, mi gard lo bann zoizo, La mi wa na in pé lé pou manz papay mir. Merlmoris lé oblizé
atann son tour, tank martin i farfouiy lo bél papay, li koné fo li rét in pé lwin.
Somanké lavé bézwin in konfinaz pou nou argingn rogardé, poudvré, sak i antour anou,
domoun i antour anou, sat lé kosté konm sak lé lwin, tout domoun, tout.

Vu de la fenêtre de Val Rak

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Un écran géant, le ciel. 

Sa couleur, mariée à celle des fleurs, amuse les yeux, les inspire.

Pétales rouges sur fond de ciel bleu.

Douce image que l'appareil photo aime à immortaliser.

 

Un écran géant, la nuit.

Sa couleur, mariée à celle des fleurs, amuse les yeux, les inspire.

Pétales rouges sur fond de nuit noire.

Éblouissant cliché que l'appareil photo aime à immortaliser.

 

Mes yeux, mon appareil photo aiment ma fenêtre.

Vu de la fenêtre d'Aurélien (6 ans)

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Vu de ma fenêtre, je vois la mer, des arbres, la nouvelle feuille du palmier, mes poules, leur poulailler. 

Vu de ma fenêtre quelques chants d'oiseaux, quelques nuages. 

C'est beau, c'est calme.

Vu de la fenêtre d'Olivia Delay #2

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Vu de ma fenêtre

les gouttes de pluie
grasses et luisantes
dans leur chute éphémère
Vu de ma fenêtre
le rideau de pluie
dentelle impénétrable
dans son immuable mouvement
Vu de ma fenêtre
la danse de la pluie
perler sur les feuillages,
la chanson de la pluie
résonner sur le toit de tôle,
l’odeur de la pluie
arroser l’humus du jardin,
Vu de ma fenêtre
l’eau du ciel
pleurer sur les humains
enfermés dans leurs confins.

Vue de la fenêtre de Diana Léocadie

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Vu de ma fenêtre, il y a le jardin.
Camaïeu de vert et de rose, dans la lumière changeante des heures qui passent.
Au fond, un benjoin encore juvénile côtoie sans complexe un olivier penché sur un petit bassin où vont et
viennent des poissons aux couleurs somptueuses. Au milieu des fougères en cascade, des Medinillas en
grappes roses sont un régal pour les yeux.

Vu de ma fenêtre, une histoire d’amour se joue.
Un couple de locataires champêtres.
Monsieur lendormi et sa dulcinée, en visite, ont pris leurs quartiers, tout en douceur, tout en rondeur. De
ma fenêtre, je me demande au final qui sont vraiment les locaterre
Funambule sur la feuille d’un palmier Ravenal, cet explorateur minutieux semble tester à loisir le nuancier
de mon jardin. Étonnant et renversant animal, voyageur léger, qui sait si bien prendre son temps.
Du temps…

Vu de ma fenêtre, la Nature m’invite dans un temps long que rien n’affecte.
La vie, intense et calme, suit son cours harmonieux.
Étrange inversion. Ma fenêtre me rend spectatrice d’une Nature en mouvement, vivante et vivifiante.
Je suis immobile, dans le plaisir secret de cette pause savoureuse.
Je sens son cœur qui bat. Le mien soupire d’aise. Une respiration à l’unisson qui me comble d’une joie
intérieure.
Je suis immobile mais tous mes sens sont en éveil.
Il me vient à l’esprit, comme une évidence, cette phrase de Christian Robin : Le bout du monde et le fond
du jardin contiennent la même quantité de merveilles.
Tellement vrai.

Vu de la fenêtre de Céliane.S

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Le temps d une pause

 

Vu de ma fenêtre, la vue est magnifique,

Vu de ma fenêtre, la montagne est verdoyante,

Vu de ma fenêtre, les pailles-en-queue virevoltent,

Vu de ma fenêtre, le soleil brille dans un beau ciel bleu,

Vu de ma fenêtre, la mer au loin est calme, solitaire,

Vu de ma fenêtre, des immeubles, des maisons, la ville,

Vu de ma fenêtre, quelques rares voitures et passants,

Vu de la fenêtre, le chant des oiseaux,

Vu de ma fenêtre, le souffle du vent,

Vu de ma fenêtre,  les arcs-en-ciel dès l'après-midi, 

Vu de ma fenêtre, tout me semble beau et nouveau,

Vu de ma fenêtre, où je n'avais jamais fait une pause,

Vu de ma fenêtre, je découvre, j'écoute, j'accueille ces moments,

Le temps d'un instant...